« Profitez bien du Cap Vert, il a 1000 facettes » me disaient Marie et AJ, copains navigateurs …

Je vais essayer de ne pas teinter de trop de pessimisme nos premiers pas dans l’archipel, mais ce sera dur de ne pas en noircir le tableau car au moment où j'écris ces lignes, nous sommes relativement déçus…

Pour moi en résumé le Cap Vert, ça restera le vol de mon sac sur une plage, avec le change tout frais du matin des euros en escudos, et qui dit vol de sac à main dit disparition du sacro saint téléphone avec toutes les données qui vont avec (avec l’impasse sur la sauvegarde récente, of course) mais le pire sera celle de mon précieux appareil photo … 

Difficile après ça d’apprécier et de garder le moral. 

BREF, il faut relativiser : rien n’arrive par hasard, ça aurait pu être pire, on est en bonne santé. BREF. 
BREF mais ça fait chier quand même …

Voilà c’était ma minute pleurniche.

C'est dommage que ce blog ne soit pas ARCHI CONNU, j’en aurais presque lancé un appel aux dons sur Kiss Kiss Bang Bang ou autre plate forme du genre !!

Allez blague à part, on essaye de retrouver le moral et on raconte la suite !


Celle-ci, c’est une arrivée après pile poil 5 jours de nav’ sur l’île de SAL, la première de l'archipel située tout au Nord Est.

Avec le moral dans les baskets, car nous suivait une tempête de sable, et qui dit sable dit bateau tout crassous, et paysage tristoune.

Sincèrement on ne voyait rien de rien en arrivant, et si le GPS n’était pas là pour confirmer que l’île n’était plus qu’à quelques miles, le doute était permis : nous étions nous trompés de cap ?? Car point d’île à l’horizon !

Celle-ci s'est par la suite dessinée dans cet épais brouillard de sable, et nous avons pû mouiller en premier lieu à « Palmeira ».

Et, assez incroyable en terme de ponctualité, à peine 10 minutes plus tard nous voyions débarquer Frangaux dont nous n’avions plus de signe depuis le second jour de notre traversée ! Ce qui est tout de même assez fort, car le jour du départ ils étaient partis tout juste 10 minutes après nous !

A Palmeira, le mouillage est hyper safe, pour cause la présence de « Jay », Cap Verdien très sympa. Taxi-boat et autres casquettes à son actif, il surveille le mouillage, et propose presque tout en terme de services. Nous pouvions donc laisser en toute tranquillité les bateaux au mouillage, là-bas il n’était pas signalé de larcin divers, comme l’était le réputé mouillage de Mindelo sur lequel nous allions atterrir quelques jours plus tard … 


Nous nous sommes rapidement baladés, à Espargos tout d’abord : petite capitale tranquille, où nous en avons profité pour tresser les filles en prévision de la transat (car oui, amis terriens, sur un bateau en nav’ ce sont des dred logs garanties dans la chevelure, et vu comme ça bouge , c’est rarement un plaisir d’entretenir celle-ci, donc en mode tresses c’est zéro stress, aucun entretien à prévoir, exit brosses et shampooings, et quand on sait qu’il faut 2 semaines pour traverser ce n’est pas négligeable et on est contents !)

Serrage de dents au programme, car le crâne de nos têtes blondes est, disons un chouill’ plus sensible que les cousines africaines !! Mais le résultat est franchement sympa !

Afin de se déplacer dans les îles, ce qui est chouette et qui a enthousiasmé les troupes, c’est de prendre un « Aluguer », sorte de pick-up local. 

C’est donc cheveux, enfin plutôt toutes tresses dehors que nous pousserons les balades, jusqu’aux Salines tout d’abord, joli site récupéré par un (connard) d’européen qui en a fait un gros business, rendant tout payant jusqu’à la douche finale … Une honte … 

Petite baignade donc dans le marais salant, dont le taux de salinité est assez élevé pour garantir les mêmes sensations que dans la mer morte : si si, on y flotte sans effort aucun. C’est assez surprenant même, on se retrouve assez vite en mode culbuto lorsque l’on essaie de nager : on bascule à gauche ou à droite si on ne se tient pas en ligne, et il est assez compliqué de garder les pieds DANS l’eau : ceux ci ressortent naturellement et battent l’air dans le vide ! On a un peu l’air d’un guignol, mais il y a pire : pour ceux qui ont pas mal de kilos en trop, c’est panique à bord : ils n’arrivent pas à se remettre tout simplement debout … Un malheureux grand père à côté de moi a failli se noyer, j'ai réussi à le remettre juste debout, il criait paniqué : "I can't stand up !!"

Bref, le site est sympa mais a été outrageusement exploité par un pauvre type qui a décidé de tout rentabiliser, la douche pour se débarrasser du trop plein de sel est même à 1 euro …

Un peu plus loin, en se baladant, nous aurons la chance de voir au bord de l’eau un requin citron, qui nageait dans quelques centimètres d’eau à peine, quasiment à même la plage … Incroyable à cet endroit ! Seule la nageoire typique du requin faisait surface, et non ce n’était pas un film !! 

Nous finirons par Santa Maria, jolie plage mais dont le site a été pourri et dénaturé par le tourisme à outrance. 

Nous décidons donc de remettre les voiles et filer directement sur l’île de Sao Vicente, à Mindelo exactement, point de départ du grand saut à venir, malgré la déception de Will (et la mienne également) de ne pas faire escale sur l’île de « Boavista », réputée pour être typiquement représentative du Sahara, avec des dunes de sables magnifiques, et pas encore perverti par le tourisme de masse … 

Car les îles ici c’est tout ou rien : soit les locaux ne voient jamais de bateaux arriver chez eux, soit le spot est blindé, comme c’est le cas à Mindelo. 

Départ

 

Pointages !

Frangaux à l'arrivée sur Sal

Le captain est rincé de la nav, et l'équipière aussi

 

Jay

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les salines

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais la nav’ retour aurait ensuite été relativement compliquée, c'est pourquoi nous choisissons donc de filer vers Mindelo en direct.

D’autant plus qu’une fois là bas, nous déchanterons assez vite …

Tout d’abord parce que la vie est franchement super chère au Cap Vert. Nous en avions eu un avant-goût à Sal, mais là franchement ça défrise … Les euros s’évaporent les uns après les autres, avec la sensation de n’avoir rien acheté, et cela c’est juste pour les courses alimentaires … 
Courses alimentaires qui sont assez hallucinantes, car ici, nous prenons pleinement conscience de ce que signifie un super marché vide ! Evidemment, j’exagère quand je dis vide, mais sincèrement, il n’y a pas grand chose, et nous prenons pleinement la mesure de notre erreur : ne pas avoir fait un ENORME plein plus haut : à Madère ou aux Canaries, quand on trouvait encore à peu près de tout, et surtout à moins cher …

Nous déchantons également pas mal, car l’extrême gentillesse des Cap Verdiens, pour l’instant on ne l’a trouvée que dans les guides …  A mon avis les auteurs ne sont jamais passés auparavant par le Maroc ou le Sénégal … La barre était peut être trop haute après ce que nous y avions vécu, je ne saurais le dire … Mais s’il existe un pays de la gentillesse, pour l’instant c’est eux qui en ont la palme.

Bref au Cap Vert tout ou presque y est arnaque. La vie chère d’abord, le taux de change ensuite, tout quoi … En résumé, ce sont des coûts à la française, pour une population vivant dans une misère importante. L’équilibre est relatif …

Alors, quand je me suis fait barber quelques jours plus tard mon sac, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Déjà, quelques jours plus tôt je regrettais amèrement de ne pas être passée au Sénégal et en Casamence, mais là ça a été un sacré coup au moral…

Mais BREF.

Plusieurs jours passent ainsi, avant que nous ne reprenions les transports en commun et autres minibus dans lesquels nous nous entassons joyeusement les uns sur les autres, afin de visiter l’île, mais beaucoup moins en terme de grosses balades, car Ilony s’étant fait une belle entorse  le premier jour, et qui durera, nous serons contraints de limiter beaucoup plus nos balades et les restreindre au périmètre de Mindelo, ce qui contribuera à la sensation de ras-le-bol général, et la celle d’en avoir bien rapidement fait le tour …

Heureusement, à la grande joie de Lucille, ses grands parents nous rejoindront bientôt, avec dans leurs bagages un goût prolongé du Noël passé en leur absence !

Et c’est reparti, cette fois vers l’île de Santo Antao, véritable bouffée d’oxygène pour nous ! 
Paysages époustouflants, végétation luxuriante … Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cette superbe île, qui n’a rien à voir avec Sao Vicente, et sur laquelle nous aurions de loin préféré y troquer le temps un peu stérile écoulé à Mindel … Malheureusement les mouillages n’y étaient pas terrible et c’est malgré nous que nous y ferons l'impasse.

A Santo Antao, les randos sont nombreuses, superbes. Il y en a pour tous les goûts. Et c’est là bas que nous prendrons la mesure de la fameuse gentillesse des Cap-Verdiens dont on nous avait assuré la réputation, et sur laquelle nous étions pourtant dubitatifs … Vraiment, rien à voir ! Elle n'était effectivement pas présente que dans les guides.

Alors oui, le Cap Vert a 1000 facettes, mais pour s’en rendre compte il est vraiment nécessaire d’y passer du temps, et ce sur toutes les îles. Et à notre sens, l’archipel du Cap Vert est comme Madère : ce n’est pas un endroit ou faire escale en bateau, à moins bien sûr de posséder le portefeuille en conséquence afin de sécuriser le bateau dans des ports dignes de ce nom.

Les parents repartiront malheureusement (un peu) cassés de leur rando, mais positifs car heureux de ce voyage et du temps passé ensemble ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et le temps de la transat’ approche, plus le temps de trop réfléchir, de toutes façons il ne faut pas trop cogiter parait-il : il faut être vraiment taré pour se lancer là dedans, entre 15 et 20 jours de mer, sérieux il faut être un peu allumé, mais bon voilà on y est alors … Let's go !

J’ai du mal à me dire qu’on va pouvoir dormir toute la nuit avec l’alarme AIS, que non, on ne va croiser aucun bateau au milieu … 

L’avitaillement se fait doucement, pas évident de jauger des quantités nécessaires pour trois,  qu’est ce qui se gardera, qu’est ce qui perdra, qu’est ce qu’il ne faut pas oublier … Au pire on stock un max des nouilles chinoises et de la Blédine !! Après tout ce n’est pas en 2 semaines que l’on sera carencés, et l’on n’attrapera pas le scorbut ! … Les fruits et légumes s’ils ne sont pas mangés au bout des premiers jours seront d’office perdus, resteront les boites, le riz, les pâtes, les légumineuses … 

Le capitaine qui adore faire les courses (ma vie est un calvaire depuis qu’il les a découvertes) se fait un plaisir de comparer les prix des boites de conserves, et a décrété que nous n’allions manquer de rien si je le laissais gérer … Affaire à suivre ! Les fonds de cale se remplissent, c’est bientôt le départ, sous 2 ou 3 jours …

Dans l'intervalle, nous aurons fait avec joie la connaissance, enfin, de l'équipage de "Zanzibar", super petite famille bretonne en voyage. 

L'histoire est rigolote, car nous ne les connaissions absolument pas, car ce sont des copains navigateurs, Guy et Françoise naviguant sur "Melval" qui, sachant que nous voulions à l'époque gagner la Casamance, m'avaient suggéré de faire un saut sur leur superbe blog de voyage.

J'avais pris contact avec eux, nous avions échangé quelques mails, et comme tout bon blog captivant qui se respecte, j'avais en quelques pages l'impression de connaitre la famille et partagé leurs aventures !

La suite : les têtes blondes de leurs deux petits loups étant sacrément reconnaissables, c'est tout naturellement en passant à côté d'eux au ponton flottant que j'ai osé leur demander s'ils étaient bien l'équipage de Zanzibar, et c'était bien eux !

Nous avons passé une soirée entière à partager leur expérience transcendante de 3 mois hors du temps en Casamence, suivi d'une nuit sacrément interrogative pour Will et moi quant à nos regrets évidents d'y avoir fait l'impasse, tout autant que l'éventualité de pourquoi pas faire un saut en marche arrière ! Affaire à suivre, nous sommes parfois des grands malades, et l'alternative reste possible !

Alors des bises à tous, merci de penser à nous, et rendez-vous de l’autre côté de la mare ... ou bien en Casamance !!

Blanche, Ilony, Lucille et Gabin

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