Juste avant notre départ pour Lisbonne, nous avons eu droit à un contrôle des douanes …

Le hic, c’est que je ne connaissais ni le terme portugais, ni l’anglais pour les désigner, et qu’il y a presque eu confusion ! Car la petite dame (avec son bon profil de fonctionnaire aigrie et son joli gilet jaune fluo), j’ai failli couper court en la congédiant car je la prenais pour une personne chargée de réaliser une enquête, au vu de la façon qu’elle a eu de se présenter et de grimper sur le bateau !

Quand ils sont arrivés, j’étais à l’intérieur et Will dehors, j’entendais bien des voix qui demandaient à William s’il  parlait anglais (quelle question !) puis l’instant d’après la voilà grimpée sur le bateau.

(En fait, mais je ne l’ai su que plus tard, elle avait déjà expliqué à William qu’elle faisait partie des douanes et qu’elle allait réaliser un contrôle, lui montrant d’ailleurs sa carte, ce à quoi  n’ayant strictement  rien compris il lui a fait son plus beau sourire en disant YESSSS …)

-          Hello, what’s your name ?

-          William (là il était super content il avait compris la question J)

-          Nice to meet you, and you what’s your name ?

-          Emma (mais t’es qui toi  ???)

-          My name is Betty, may I enter please

(pas le temps de lui dire que j’aurais aimé savoir avant qui elle était et qu’on pouvait tout aussi bien se parler dehors –et de ce fait la congédier plus vite- qu’elle était déjà en train d’enlever ses chaussures et de descendre. Et nul  besoin de préciser non plus qu’à ce stade que j’avais pris soin d’enfiler mon plus beau masque de « pas aimable »)

-          May I sit please ? (penses-tu elle s’était déjà installée cette chère Betty !)

Et la voilà en train de sortir son questionnaire et de commencer l’interrogatoire, et moi qui continuait de penser dur comme fer qu’elle était bien gonflée avec son questionnaire de satisfaction dont je me contrefoutais, et auquel j’avais bien l’intention de répondre au plus vite et de la façon la plus évasive qui soit !!

-          Est-ce la première fois que vous venez au Portugal ? Ou étiez-vous avant (mais qu’est-ce que ça peut bien lui foutre ??? ) et ou comptez-vous vous rendre ensuite ? (non  mais là ça commence à bien faire L-Quand elle nous a demandé nos professions j’ai viré au cramoisi :

-          Sorry but I didn’t understand.  who you are, and for who  are you working for ? Is it for the marina ?

Et elle de me montrer son beau gilet jaune avec le logo (ou était brodé le mot portugais pour désigner la douane, et moi ne le connaissant pas de continuer à croire que le port l’avait embauchée pour une enquête de satisfaction !!

Quand elle nous a demandé le but, la durée et les destinations de notre voyage, je me suis vue dans le droit d’être encore moins aimable et de m’offusquer, mais le pire c’est qu’elle se permettait de ne pas être contente la mère Betty !!! Tellement pas contente qu’elle a fini par le trouver ce mot français : DOUANES !

(Will et moi on a rigolé comme des benêts  : oupsss la boulette … Laisse tomber, vu l’accueil qu’on lui a fait c’est même pas la peine, elle va nous pourrir !!)

Mais non, pas si rancunière la Betty, elle voulait juste terminer sa petite enquête, après  elle était contente.

-          Anything to declare ??

Non ma chérie, rien à déclarer. Pas de contrebande ni de stupéfiant à bord.

Bon bah voilà, Betty était contente, elle nous a tendu une petite main toute molle en nous la serrant du bout des doigts (comme j’ai  horreur), et elle a remis ses petits mocassins pour redescendre sur le ponton.

-          Thank you and good bye !

-          Good bye (deuxième échange verbal de William content lui aussi de savoir s’exprimer !)

Pfff ! On était morts de rire de ce quiproquo qui aurait pu mal tourner avec un fonctionnaire zélé, car pour ceux qui me connaissent, j’étais vraiment mais alors VRAIMENT pas aimable sur ce coup ! D’autant plus qu’après nous avoir congédié, la p’tite Betty est grimpée chez notre voisin allemand … Pour y revenir un peu  plus tard accompagnée, et avec des chiens … Au final ils n’ont rien trouvé mais lui ont pourri toute son après-midi…

 

Le lendemain on reprenait la mer, direction Lisbonne et une trentaine d’heures en prévision. J’étais un peu anxieuse sans trop savoir pourquoi.

La traversée s’est quand même bien passée, on a eu un peu plus de vent que prévu, mais alors une houle … Jamais vu ça. Je HAIS la houle portugaise. On m’avait prévenu mais je ne pensais pas que c’était autant … On a été ballotés comme des poupées de chiffon TOUT LE LONG, l’horreur, secoués comme jamais, impossible de tenir debout ni de se déplacer sans se cogner quelque part. 

Le midi, j’ai eu droit à ma  petite frayeur : il aurait fallu réduire la grande voile mais William a déclaré que ça allait attendre qu’il ait fini son repas (qu’on a évidemment mangé en stress car trop toilés).

Puis on a laissé le génois seul, et on a  réinstallé le  petit foc pour le déventer au cas ou. Grand bien nous  en a pris, car dans la soirée la houle forcissait, et dans la nuit pendant le quart de WILL, le pilote a lâché (il ne tenait plus sa barre, bonjour l’angoisse, je n’ai jamais réalisé aussi vite le trajet carré-cockpit !). On s’est donc relayés pour barrer toutes les deux  heures (j’étais assez fière de moi, le bateau se faisait moins embarquer qu’avec le pilote !). J’avais les yeux rivés sur le compas, du coup tellement claqué je n’ai pas tenu plus de deux heures. Sur 10 vagues environ, l’une était déferlante, je l’entendais arriver par derrière, la sentais en dessous puis la voyait passer à bâbord. Brrr ! Ce nétait pas évident, car la houle en plus d’être importante arriviait à la fois par tribord et nous poussait par derrière, donc parfois on se faisait embarquer, dur de résister dans la barre ! Au petit matin Will me disait :

-          Viens voir la houle est ENORME !

-          Peuh j’le sais je l’ai bien sentie pendant la nuit …

-          Oui mais là elle est encore pire !(c’est vrai qu’on volait davantage) viens voir elle fait au  moins …. 10 mètres (sacré William il en loupe pas une, pour avoir la bonne valeur, retranchez quelques mètres ! Mais les creux étaient vraiment impressionnants (d’ailleurs je n’ai pas eu le courage d’aller regarder je préférais agoniser allongée !

 

Ce qui m’a rassurée, c’était de voir que nous n’étions pas les seuls si peu toilés, deux autres bateaux que l’on a croisé étaient comme nous.

On est donc arrivés dans la soirée, après 30 heures de traversée, dans le joli mouillage de CASCAIS (prononcer « cache cache », complètement stones mais contents !!

 

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